Hématologie

Myélogramme: Lecture et Interprétation

Myélogramme,  Médullograme, Blaste, Lymphoblaste, Leucémie

Myélo : du grec «muelos» = moelle

Gramme : du grec «gramma» = lettre, écriture et par extension, enregistrement écrit

Myélogramme  ou médullogramme

« Le myélogramme est une étude cytologique quantitative (numérique) et qualitative (morphologique) du tissu hématopoïétique obtenu par ponction aspiration  ».

Il  permet :

d’évaluer la cellularité globale de la moelle osseuse,

de réaliser une analyse qualitative des cellules médullaires,

d’apprécier la répartition des différentes lignées  et la maturation cellulaire au sein de chaque lignée (décompte différentiel).

1. L’intéret d’un Myélogramme

C’est un examen hématologique très demandé

Myélogramme est un acte médical réalisé  dans:

un but diagnostique +++ : pathologies bénignes et malignes

un but pronostique : pathologies malignes 

pour la surveillance des hémopathies malignes

2. les indications

Devant des signes cliniques tels que:

  • Fièvre isolée ou persistante
  • Adénopathies
  • Splénomégalie… sans causes évidentes   

Devant des anomalies radiologiques ( Anomalies osseuses particulières)

Devant des anomalies biologiques :

  • Anémie normo ou macrocytaire arégénérative,
  • neutropénie non expliqués,
  • Pancytopénie
  • Thrombopénie,
  • Hyperleucocytoses,
  • Blastes circulants ………..
  • Anomalies d’électrophorèse des protéines sériques
  • vitamines B12, ac. Folique diminués …

Dans le cadre d’un bilan d’extension:

  • Tumeurs solides,
  • Lymphomes malins,
  • Maladie de Hodgkin……
  • N.B : le myélogramme est indiqué  chaque fois qu’une cause centrale est suspectée

3.Méthodologie

Le prélèvement

Il s’agit d’une ponction-aspiration de la moelle osseuse.

Chez l’adulte, la ponction se réalise au niveau du sternum, mais parfois également dans l’os iliaque (massifs postérieurs, épines iliaques antéro-supérieures, crête) et plus rarement aux épines vertébrales.

Chez l’enfant, on préfère les os iliaques, et chez le nouveau-né, la face antéro-interne du tibia.

La ponction peut être ou non précédée d’une anesthésie locale.

Les précautions d’asepsie rigoureuse doivent êtres prises .

Il existe de nombreux modèles de trocarts de ponction, mais le plus souvent utilisé est le trocart de Mallarmé.

Le liquide aspiré est toujours un mélange de moelle et de sang :

un prélèvement riche en grumeaux sera étalé tel quel sur les lames de verre 

plus pauvre, on pourra retirer rapidement les quelques grains, les isoler et les étaler sur une lame comme pour des frottis sanguins.

Les lames sont séchées sur place à l’air libre, non fixées, puis transmises au laboratoire.

La ponction de la moelle osseuse n’a pas de véritable contre-indication (éviter de prélever lors des coagulopathies sévères)

Conditions d’envoi

les lames doivent être envoyées  au laboratoire munies d’une fiche de renseignements complètes  rédigée par le prescripteur (âge, renseignements cliniques, traitement en cours, les antécédents…)

Un prélèvement sanguin sur EDTA doit  accompagner la demande de myélogramme (hémogramme/frottis sanguin/taux de réticulocytes) 

Au laboratoire 

Etiquetage des frottis médullaires

Colorations : Wright – MGG++++

Dans certains cas: colorations spéciales 

La coloration de Perls (syndromes myélodysplasiques)

les réactions à la myélopexoxydases, estérases… (Leucémies aigues)

4. Myélogramme : Lecture

Les cellules souches ne sont pas identifiables morphologiquement.

Les cellules reconnaissables sur myélogramme sont les :

Précurseurs

Cellules matures

La lecture du myélogramme comporte trois temps successifs, tous trois indispensables:

Examen au faible grossissement pour l’appréciation générale des frottis

Examen au fort grossissement pour  l’appréciation cytologique générale (aspect qualitatif)

Et enfin le décompte des éléments cellulaires (toujours au fort grossissement) = myélogramme

Faible grossissement (× 10) :

Toujours débuter par un examen au petit objectif, en insistant particulièrement sur l’étude des franges et des bords du frottis

Il permet :

D’apprécier  la   richesse médullaire : en cellules et en mégacaryocytes, faciles à repérer au petit grossissement (grande taille, petit nombre).

Juger de l’aspect homogène ou non des cellules des frottis : dans une moelle normale, toutes les cellules sont morphologiquement différentes = aspect hétérogène; dans une moelle envahie (par exemple leucémie aiguë), les cellules peuvent être toutes identiques = aspect homogène, monotone

Repérer des cellules normales rares mais de grande taille à ce grossissement (ostéoclastes, ostéoblastes, histiocytes et mastocytes)

En pathologie, il permet de déceler un envahissement par des cellules anormales, par exemple des cellules métastatiques (séparés ou syncytium), des cellules de surcharge constitutionnelle ou des histiocytes hémophagocytants.

Permet  de choisir les frottis les plus riches et  les  zones les mieux étalées.

La richesse médullaire : plusieurs scores

La moelle est « normalement riche » : Le frottis sanguin montre une plage d’hématies à peu près égale à celle recouverte par les cellules nucléées

Moelle de richesse augmentée ou très augmentée : Nappe de cellules nucléées entre lesquelles il n’y a pas de place pour les hématies

Moelle hypocellulaire : Peu d’éléments médullaires, hématies++++ (Eliminer d’abord la dilution du suc médullaire par le sang périphérique au moment de la ponction)

  0 = Moelle désertique    très peu d’éléments observés et leur décompte reste inférieur à 100  
  1 = Moelle Pauvre    le décompte dépassera à peine 100  
  2 = Moelle Médiocre    intermédiaire entre moyen et pauvre  
  3 = Moelle Moyenne    Intermédiaire entre pauvre et riche  
  4 = Moelle Riche    persistance d’espaces libres entre les cellules  
  5 = Moelle Très Riche    les cellules nuclées  se touchent  
Echec
Désertique
pauvre
riche
Très Riche  
0
+/-
++
+++
++++

La richesse en mégacaryocytes 

  • Diminuée (+ ou 0)
  • Normale (+++)
  • Augmentée (++++)

Fort grossissement (x 100) :   avec immersion

Etude qualitative du myélogramme

A. Reconnaissance des cellules médullaires : Différents stades de maturation

La lignée mégacaryocytaire :

Mégacaryoblaste

Mégacaryocyte basophile 

Mégacaryocyte granuleux

Mégacaryocyte thrombocytogène  ou plaquettogène

La lignée erythroblastique :

Proérythroblaste PE,

Erythroblastes basophile EB,

 Erythroblastes polychromathophile EP

Erythroblastes acidophile EA

Parfois îlots érythroblastiques (macrophage central entouré d’une couronne d’érythroblastes)

La lignée granulocytaire :

Myéloblaste

Promyélocyte

Myélocyte neutrophile et éosinophile

Métamyélocyte neutrophile et éosinophile

Polynucléaires : neutrophile, éosinophile, basophile

Le reste du tissu hématopoïétique :

les lymphocytes

les plasmocytes   

Les autres cellules : monocytes, mastocytes rares.

B. Les anomalies morphologiques:

Lignée mégacaryocytaire :

  • anomalies nucléaires
  • micromégacaryocytes…

Lignée erythroblastique :

  •  Gigantisme cellulaire, Asynchronisme de maturation nucléo-cytoplasmique
  •  Ponctuations basophiles,  Corps de Joly
  • Cytoplasme feuilleté, Ponts interchromatiniens, Condensation chromatinienne ….

Lignée granulocytaire : 

  • métamyélocytes géants
  • dégranulation, présence de granulations toxiques
  • hyposegmentation (pseudoPelger), hypersegmentation,
  • appendices nucléaires, ….

Etude quantitative :

A. Décompte des cellules médullaires

Idéalement : Au moins 500 cellules.

En plusieurs zones de la lame

Si possible sur plusieurs lames

Rechercher l’excès de cellules hématopoïétiques  immatures (blastes) ou matures (plasmocytes, lymphocytes…) et de cellules extrahématopoïétiques.

B. Valeurs de référence chez l’adulte 

Lignée Granuleuse

Myéloblastes
Promyélocytes
Myélocytes neutrophiles
Myélocytes éosinophiles
Métamyélocytes neutrophiles
Métamyélocytes éosinophiles
Polynucléaires neutrophiles
Polynucléaires Eosinophiles
Polynucléaires basophiles     
Lignée erythroblastique

Proérythroblastes
Erythroblastes basophiles
Erythroblastes polychromathophiles
Erythroblastes acidophiles  

Autres cellules
Lymphocytes
Plasmocytes
Monocytes
60 à 70%

0 à 2%
1 à 4%
10 à 15%
0 à 1%
10 à 20%
0 à 1%
15 à 25%
0 à 1%
0 à 1%
 15 à 30%

0 à 2%
1 à 3%
5 à 15%
5 à 10%


5 à 20%
0 à 3%
0 à 2%    

Le rapport érythroblastes/granuleux varie de  1/3 à 1/4

Mégacaryocytes : moins de 1%  des cellules médullaires

c. Variations physiologiques 

 A la naissance:

moelle très riche.

Lignée erythroblastique :

 Hyperplasie physiologique 30 à 45 %.

 Erythroblastopénie (8 à 12%) au 8ème jour

 Valeur de l’adulte : vers 2 à 3 mois

lymphocytes médullaires :

 20 à 30 % dès le 7ème  jour et jusqu’au 6ème  mois.

Hématogones : précurseurs lymphocytaires B : à la naissance, nourrisson, jeune enfant il ne faut pas les confondre avec les blastes !!!

 lymphoblastes (immunophénotypage : CD19+ CD10+ CD38+ CD22+HLADR+…)   

 Chez le jeune enfant : on trouve une grande quantité de lymphocytes.

D. Quelques anomalies quantitatives 

Lignée érythroblastique :

Érythroblastose : érythroblastes supérieur à 30% : post-hémorragie ou post-hémolyse, carence vitamine B12/ folates,  anémie sidéroblastique

Érythroblastopénies : réticulocytes  inférieur à 20 Giga/l, les érythroblastes < 5% des éléments nucléés médullaires dans une moelle riche : Parvovirus B19, thymome….

Lignée granuleuse :

Hyperplasie : les syndromes infectieux, syndromes myéloprolifératifs …

Disparition de la lignée neutrophile : agranulocytoses… 

Lignée  mégacaryocytaire :

 Hypo ou amégacaryocytose : envahissements,  post-radio et/ou chimiothérapie.

 Hypermégacaryocytoses : thrombopénies périphériques, atteintes toxiques (surtout médicamenteuses) …..

5. Résultats : compte rendu 

Dans le compte redu d’un médullograme il faut mentionner les points suivants:

la richesse médullaire.

la richesse en mégacaryocytes.

le décompte des différentes lignées.

commentaire qualitatif sur les différentes cellules observées, les anomalies constatées.

conclusion

Aussi, il ne faut pas oublier de mentionner La dilution.

6. Conclusion

Myélogramme est un moyen de diagnostic précieux

Sa réussite Impose :

 la maitrise de toutes les étapes de sa réalisation du prélèvement à la lecture.

 la reconnaissance des anomalies quantitatives  et qualitatives.

 la concertation de toute équipe afin de livrer un diagnostic sans équivoque.

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